Les plantes médicinales
De tous temps et dans tous les pays, les femmes ont
cherché à augmenter leur sécrétion lactée par la consommation
de diverses plantes (fenugrec, fenouil, anis, angélique,
galéga...). Il n’existe que très peu d’études portant sur ces
plantes, et l'impact réel de bon nombre d'entre elles est inconnu,
ainsi que leur mode d’action. Toutefois, leur utilisation
traditionnelle permet de penser qu’elles sont sans danger
et peuvent être efficaces. Lorsqu’une mère a du mal à avoir
une sécrétion lactée satisfaisante, et qu’elle doit veiller étroitement
à son alimentation et à son niveau de fatigue et de
stress, ainsi qu’au nombre de tétées quotidiennes, les plantes
peuvent constituer une aide appréciable. Les plantes les plus
couramment qualifiées de galactagogues sont le fenugrec, le
galéga, le chardon-marie, l’anis, le basilic, le chardon béni,
les graines de fenouil, la guimauve. La bière est couramment
utilisée dans certaines cultures, mais l’alcool peut avoir un
impact négatif sur le réflexe d’éjection.
Le fenugrec
Le fenugrec (Trigonella foenum graecum) était tenu en
haute estime en Egypte, en Inde, en Grèce et à Rome. On le
prescrivait autrefois en cas de tuberculose, de bronchite, de
maux de gorge, de diabète, d'anémie, de rachitisme et de libido
défaillante. Il était aussi employé comme expectorant,
laxatif et fébrifuge. Il reste très utilisé dans le monde ; il est
largement cultivé en Inde et en Chine, et utilisé comme légume.
C’est également une plante utilisée traditionnellement
pour favoriser l’allaitement.
Il n’existe que très peu d’articles dans la littérature médicale
portant sur le fenugrec. Une étude égyptienne effectuée
en 1945 avait fait état d’une augmentation de la sécrétion
lactée de 900% suite à la prise de fenugrec. Par contre, il
existe dans la littérature médicale divers articles portant sur
l’utilisation du fenugrec dans diverses situations. Il a un effet
hypoglycémiant (dû à un alcaloïde, la trigonelline) et hypolipidémiant,
le rendant utile comme adjuvant dans le traitement
du diabète et de l’hypercholestérolémie. Il contient une
quantité importante de mucilages (jusqu’à 40%), des saponines
stéroïdes (diosgénine et yamogénine, qui contribuent à la
synthèse du cholestérol et des hormones sexuelles), du coumestrol...
Il contient aussi des protéines, des lécithines et diverses
vitamines.
Lorsque la mère absorbe du fenugrec, l’augmentation de
la sécrétion lactée semble être dose-dépendante, et il sera
souvent nécessaire de trouver par tâtonnements la dose adéquate
pour permettre à la mère d’augmenter sa sécrétion lactée
à un niveau suffisant sans être excessif. La dose couramment
utilisée est de 1 à 4 gélules de plante broyée 3 à 4
fois par jour (3 à 4 g/jour de plante séchée), quoique, comme
pour toutes les plantes, il n’y ait pas de dosage standard. Les
mères qui induisent une lactation ou une relactation auront
besoin des dosages les plus élevés. Une alternative est de
boire 3 fois par jour une tasse de tisane faite avec 1/4 de cuillère
à café de graines infusées pendant 10 mn dans 225 ml
d’eau (le goût est assez désagréable). Cette plante donne
souvent une odeur de sirop d’érable à la sueur, au lait et à
l’urine. Il faut compter 1 à 3 jours pour apprécier l’impact du
fenugrec. Il n’a guère été rapporté d’effet iatrogène autre
qu’un léger effet laxatif à hautes doses chez certaines femmes.
Autres plantes
Le galéga (Galega officinalis) est connu depuis la Renaissance
pour son effet galactogène. Comme le fenugrec, il
contient des saponines et un alcaloïde (la galégine) à effet
hypoglycémiant et hypolipidémiant. C’est un galactogogue
traditionnel, largement recommandé en Europe, suite à
l’observation faite dans les années 1900 d’une sécrétion lactée
plus abondante chez des vaches à qui on en donnait. Aucune
étude contrôlée n’a été effectuée chez les humains, et
aucun effet secondaire n’a jamais été rapporté, sauf chez 2
enfants dont la mère prenait une tisane contenant de la réglisse
(Glycyrrhiza glabra), du fenouil, de l’anis et du galéga,
et qui ont présenté une somnolence, une hypotonie, une
léthargie, des vomissements et une succion faible. La recherche
d’une infection a été négative, et les signes cliniques ont
disparu après supension de l’allaitement pendant 2 jours et
arrêt de la consommation de cette tisane par la mère. La tisane
n’a pas été testée sur le plan de la présence de polluants
ou d’autres substances anormales, et aucun autre effet secondaire
n’a été rapporté en Europe ou en Amérique du sud,
pays où cette plante est aussi utilisée comme hypoglycémiant.
Il est habituellement utilisé sous forme de tisane (1
cuillère à café de feuilles séchées infusées pendant 10 mn
dans 225 ml d’eau), prise 3 fois par jour.
L’anis vert (Pimpinella anisum) et étoilé (Illicium verum)
sont aussi connus depuis des siècles ; ils ont de plus la
réputation de donner au lait un goût agréable, et de calmer
les coliques du bébé allaité ; certaines mères sont satisfaites
des pastilles à l’anis (Vichy). Le fenouil (Foeniculum vulgare)
et le cumin (Cuminum cyminum) ont aussi été
conseillés pour augmenter la sécrétion lactée. D’autres plantes
locales sont utilisées sur les autres continents. Le chardon-
marie (Silybum marianum) est utilisé depuis longtemps
en Europe. Cette plante porte ce nom en hommage à la
Vierge Marie, les premiers chrétiens croyaient que les nervures
blanches sur les feuilles étaient le symbole de son lait.
Elle est utilisée sous forme de tisane (1 cuillère à café de
graines écrasées infusées pendant 10 mn dans 225 ml d’eau)
à prendre 2 à 3 fois par jour.