Efficacité et innocuité du ginseng pendant la grossesse et l’allaitement
Safety and efficacy of Panax Ginseng during pregnangy and lactation. Seemy D et al. Can J Clin Pharmacol 2008 ; 15(1) : e87-94.
Mots-clés : ginseng, grossesse, allaitement, méta-analyse.
Il existe cinq espèces de ginseng. Celle qui est la plus souvent commercialisée sous le nom de ginseng est le Panax ginseng, originaire d’Asie. On utilise son rhizome, séché à l’air libre (ginseng blanc) ou par chauffage (ginseng rouge). Cette plante est largement utilisée depuis des millénaires, tout particulièrement en médecine chinoise, pour ses capacités à stimuler les principales fonctions de l’organisme. On pourra donc le conseiller à une femme enceinte ou allaitante en tant que stimulant de l’immunité, ou en cas de fatigue. Les auteurs de cette méta-analyse font le point sur la littérature existante afin d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du ginseng pendant la grossesse et l’allaitement
Pour ce faire, les auteurs ont passé en revue sept bases de données à la recherche des études sur le sujet. Ils les ont compilées et ont analysé leurs données. Une étude randomisée comparant le ginseng à un placebo sur les symptômes de la ménopause n’a constaté aucun impact du traitement. Il existe toutefois par ailleurs des rapports de cas indiquant un impact œstrogénique. Une étude a évalué son impact chez des femmes enceintes dont l’enfant présentait un retard de croissance fœtale, avec un certain succès, et sans effet négatif. Un cas d’androgénisation sévère chez un nouveau-né de sexe masculin a été rapporté ; la mère avait pris du ginseng pendant la grossesse, mais l’enquête a permis de découvrir que le produit utilisé était contaminé par une autre plante. Quelques études expérimentales sur des embryons de souris ou des cultures de cellules embryonnaires de souris ont fait état d’une embryotoxicité. Trois études sur des vaches traitées avec du ginseng pour une mastite rapportaient une activation de l’immunité, et une augmentation de l’activité leucocytaire, favorisant la guérison. La toxicité du ginseng rapportée par les études cliniques est très faible lorsque le produit est de bonne qualité et qu’il est utilisé correctement. Une utilisation de longue durée ou à des doses élevées peut induire des troubles tels qu’hypertension, nervosité, insomnie, diarrhée, rash cutané, confusion, dépression ou dépersonnalisation.
Il est clair que le ginseng a une activité pharmacologique, et les ginsénosides sont habituellement considérés comme à l’origine de l’essentiel de son activité biologique. Le ginseng semble avoir des interactions avec certains médicaments, mais les données sont de médiocre qualité. Il sera toutefois nécessaire d’être prudent si on souhaite l’utiliser chez des personnes prenant des anticoagulants, des antidiabétiques, des antipsychotiques, de la caféine, du furosémide, des immunosuppresseurs, de l’insuline, des IMAO, ou d’autres produits stimulants.
Si le ginseng n’a pas d’indication particulière pendant la grossesse et l’allaitement, le fait qu’il soit une des plantes les plus couramment utilisées partout dans le monde fait que de nombreuses femmes sont susceptibles d’en prendre pendant ces périodes. Il n’existe aucune donnée fiable permettant de penser qu’il est dangereux pendant la grossesse ou l’allaitement, et des effets secondaires significatifs n’ont jamais été rapportés pour cette plante utilisée largement depuis des millénaires. La constatation d’un impact tératogène chez des embryons ou des cellules embryonnaires de souris peut amener à se poser des questions, mais les études sur les animaux ne sont pas extrapolables à l’homme, et l’extrait utilisé pour ces études contenait des taux de ginsénosides beaucoup plus élevés que ce qui est recommandé pour la consommation humaine. Toutefois, il est prudent de l’éviter au moins pendant le premier trimestre de la grossesse. Il n’existe aucune donnée sur son innocuité pendant la lactation, mais rien ne permet non plus de penser qu’il peut être nocif pour l’enfant allaité. D’autres études seraient nécessaires