Allaitement par une mère
sous bromocriptine
Breastfeeding a baby with mother on bromocriptine. Verma S, Shah D, Faridi MMA.
Indian J Pediatr 2006 ; 73(5) : 435-36.
La bromocriptine est couramment utilisée pour le traitement
des prolactinomes. Dans certains cas, la prise de
bromocriptine devra être poursuivie pendant la grossesse,
afin d’éviter le risque d’augmentation d’un prolactinome
de grande taille. De nombreux spécialistes déconseillent
l’allaitement aux femmes souffrant de prolactinome car ils
estiment que cela peut l’aggraver ; or, aucune étude n’a
jamais constaté d’aggravation induite par l’allaitement.
Les auteurs décrivent un cas de femme qui, avec un soutien
approprié, a pu allaiter exclusivement son enfant alors
qu’elle était sous bromocriptine depuis 6 ans.
Cette femme de 34 ans a accouché d’un bébé de 3,2 kg
dans un hôpital de New Delhi. Un prolactinome avait été
diagnostiqué 6 ans plus tôt, lors du bilan effectué pour une
infertilité. Ce traitement avait permis une première grossesse
au bout de 2 ans. On lui a affirmé qu’elle ne pourrait
pas allaiter son enfant, et elle l’a donc nourri au lait industriel.
L’enfant a souffert de nombreux épisodes de diarrhée
et de dysenterie, et il ne pesait que 9 kg à 4 ans. La mère
souhaitait allaiter son second enfant, mais se posait beaucoup
de questions sur les risques de son traitement pour
son bébé ; elle craignait également de ne pas avoir assez de
lait. Elle a bénéficié d’excellentes informations sur les pratiques
optimales d’allaitement, et sa belle-soeur, qui allaitait
elle-même, lui a offert d’allaiter le bébé si la mère
avait l’impression qu’il avait trop faim.
La belle-soeur a allaité son neveu à 3 reprises pendant
les 2 premiers jours post-partum, mais la mère a réussi à
allaiter exclusivement à partir de J3. Sa confiance en elle a
augmenté quand elle a constaté que son bébé était calme et
satisfait après les tétées. Le nourrisson avait repris son
poids de naissance à J10, et sa prise de poids a été parfaitement
normale pendant les 5 mois du suivi (il pesait alors
6 kg).
La bromocriptine reste couramment utilisée pour le
traitement des prolactinomes. Il existe très peu de données
sur son éventuel impact négatif sur le foetus, mais à l’heure actuelle
ce type d’impact n’a encore jamais été rapporté. La
bromocriptine est également utilisée pour supprimer la lactation
chez les femmes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas
allaiter, et on peut donc se poser des questions sur les chances
de réussite de l’allaitement chez une mère traitée par bromocriptine
au long cours. Toutefois, une étude de Zhang et al
(1996) avait constaté que 75% des mères traitées par bromocriptine
pour leur prolactinome arrivaient à allaiter. Ce cas
montre lui aussi que l’allaitement exclusif est possible même
pour une mère traitée par bromocriptine. Etant donné les nombreux
bénéfices de l’allaitement, les mères traitées par bromocriptine
pour un prolactinome devraient être encouragées à allaiter,
et elles devraient recevoir les informations et le soutien
nécessaires pour ce faire.