Alimentation maternelle et coliques chez le bébé allaité
Maternal intake of cruciferous vegetables and other foods and colic symptoms in exclusively breastfed infants. KD Lust, JE Brown and W Thomas. J Am diet Assoc 1996 ; 96 : 46-48. B Abs 8/1996. Mots-clés : allaitement, colique, alimentation maternelle, crucifères, lait de vache.
Cette étude a évalué l’impact de l’alimentation maternelle sur les coliques du nourrisson. 15 aliments ont été étudiés ; en faisaient partie les crucifères (choux, chou-fleur, brocolis), la viande de boeuf, le lait de vache et le chocolat.
De nombreux nourrissons souffrent de coliques. Elles sont définies ici comme des douleurs abdominales récurrentes paroxystiques, débutant 2 à 3 semaines après la naissance, chez un enfant par ailleurs en bonne santé, avec pleurs inconsolables pendant plus de 3 heures par jour et plus de 3 jours par semaine.. Entre 10 et 40% des nourrissons présentent une telle symptomatologie. Elle s’accompagne généralement d’irritabilité, de distension abdominale et de crampes abdominales.
237 mères (ce qui correspondait à 273 enfants de moins de 4 mois), membres de La Leche League, vivant dans l’Illinois, l’Iowa, le Minnesota et le Wisconsin (USA), ont reçu un questionnaire par voie postale. Elles devaient dire combien de fois elles avaient consommé les 15 aliments étudiés pendant une semaine. Elles devaient aussi indiquer si leur enfant avait présenté pendant la même période les symptômes suivants : congestion nasale, constipation, diarrhée, météorisme abdominal important, irritabilité, manifestations de douleurs abdominales (l’enfant ramenant ses cuisses en flexion) et pleurs inconsolables pendant de longues périodes.
La prévalence des coliques était légèrement augmentée après consommation maternelle de viande de boeuf, et elle était multipliée par 1,1 à 3,5 après consommation de lait de vache. L’absorption maternelle de choux (augmentation de 1,1 à 1,5), de chou-fleur (augmentation de 1 à 1,4), de brocoli (augmentation de 1,1 à 3,5), d’oignons (augmentation de 1,1 à 2,5) et de chocolat était significativement reliée aux manifestations de coliques. Ces résultats suggèrent que, lorsque la mère avait consommé des crucifères, le risque que l’enfant présente au moins un épisode de coliques augmentait de 60% par rapport aux enfants dont la mère n’avait pas consommé de crucifères.
Les aliments identifiés ici comme étant les plus susceptibles d’induire des coliques chez le bébé allaité (crucifères, lait de vache, chocolat) contiennent diverses substances pouvant être responsables de la symptomatologie présentée par l’enfant. Les auteurs pensent en particulier au N-méthyl-L-cystéinesulfoxide des aliments, qui est métabolisé en composés soufrés tels que le sulfure d’hydrogène. Ces molécules pourront passer dans le lait, et provoquer des douleurs abdominales chez le nourrisson dont l’intestin est immature. Les oignons contiennent de la cystéine, acide aminé soufré similaire à ceux présents dans les choux. Les auteurs pensent qu’au vu de ces résultats, il serait raisonnable de conseiller aux mères, dont le bébé exclusivement allaité souffre de fréquentes coliques, de supprimer de leur alimentation les diverses sortes de choux, le lait de vache, les oignons et le chocolat.