Allaitement et pression sociale ...

[BDA]

Bonjour,

Avant d'accoucher, je n'étais pas une pro-allaitement... Je me disais que j'essayerai, mais que si cela ne faisait pas, je n'insisterai pas.
Et puis mon fils est né... L'allaitement a été très compliqué, très douloureux.... Du coup je me suis renseignée... et j'ai compris de mieux en mieux tous les nombreux avantages de l'allaitement pour mon fils et pour sa santé... Alors je me suis accrochée. Cela ne fait que 4 mois que j'allaite mais pour moi c'est une victoire au regard des difficultés traversées et du peu de soutien reçu à la maternité. Mon objectif est d'aller jusqu'à 6 mois... Si je fais plus, ce sera du bonus.
Je respecte pour autant les femmes qui, quelqu'en soit la raison, ne souhaite pas allaiter. C'est un choix personnel et leur enfant ira sans doute très bien malgré tout.

Mais après 4 mois, quelque chose me surprend et touche toujours autant : la pression sociale autour de l'allaitement.
Dès que votre bébé a un "problème", on vous demande si ce ne serait pas "à cause de l'allaitement"... :
- il dort mal? C'est car il est allaité, avec un biberon, il serait mieux calé!
- il pleure? Il a faim... Est ce que tu le nourris assez, est ce que tu as assez de lait, ton lait est-il assez nourrissant? Tu ne sais pas combien tu lui donnes!
- il ne veut pas dormir dans son lit? Il est devenu accro à sa maman et la prend pour une tétine car elle lui donne le sein...
- pourquoi bébé est-il pleurnichard? Il est devenu capricieux car tu es hyper-protectrice du fait que ton bébé est toute la journée au sein ...

Oui mais, peut-être que ce même bébé, s'il prenait le biberon, dormirait mal, pleurerait également et ne voudrait pas mieux dormir dans son lit...
Oui mais, quand un bébé dort mal, et qu'il est nourrit artificiellement, personne n'ira dire à la maman que c'est peut-être car il digère mal son lait... Quand il pleure, personne n'ira remettre en cause le fait qu'il ait faim, s'il ne veut pas dormir dans son lit, ce ne sera pas à cause du biberon non plus...

Bref... Je suis vraiment étonnée, triste, énervée d'entendre quasiment à chaque visite que j'ai des réflexions sur mon allaitement ... même venant de la part de personnes que j'apprécie pourtant beaucoup, qui ne me veulent pas du mal et qui sont adorables avec moi par ailleurs...

Que c'est fatiguant de sentir que son allaitement serait la cause de tous les maux...
Pour ma part, je suis déjà très stressée à l'idée que mon fils ne mange pas assez ... Entre le séjour à la mater où une auxiliaire puéricultrice m'a dit que j'affamais mon fils, et le fait que la courbe de poids ne soit pas géniale (alors que tous les autres voyants sont au vert) ....je me pose la question des dizaines de fois par jour... Mange-t-il assez? Je n'ai pas besoin, en plus, d'entendre la part de Pierre, Paul et Jacques que, peut-être, mon allaitement fait du mal à mon fils...

Avez-vous également ressenti cette pression familiale/sociale? Comment l'expliquer? Comment faites vous pour vous en détacher?
Vraiment... je ne m'y attendais pas...

Merci!

 

[cerise]

Beaucoup de mères témoignent de la même pression sociale que toi...
Et même si les mentalités évoluent, c'est encore loin d'être gagné.

Pour ma part je n'ai pas ressenti cette pression mais c'est parce que j'ai la chance d'évoluer dans un milieu où l'allaitement est courant.

 

[Nienna]

J'ai la chance de ne pas avoir vécu cette pression. Globalement les gens hésitent à deux fois à me faire des remarques car j'ai la remise en place facile.
Je te dirais d'éviter les gens qui critiquent (temporairement) et, s'ils sont comme tu le dis bienveillants, précise leur que tu ne souhaites pas entendre de remarques à ce sujet.

Plein de courage à toi

 

[Bbnou]

J'ai de la chance aussi car pas du tout. Mais c'est peut-être car les gens savent que je peux vite m'énerver

 

[Géseb]

J'ai subi et je subis encore des pressions venant de mon entourage... Principalement des femmes d'ailleurs, parmi les plus proches en plus...
Que te dire...
Perso j'ai l'impression que si je m'appuie sur les docs lll je vais trop loin (parce que c'est vrai que tous les docs sont quand même argumentés ) et je passe pour la militante (juste moi qui ai allaité ma fille 9 mois ) alors j'essaie parfois de trouver des contre exemples ! Heureusement qu'il y en quand même pas mal !! Et j'arrive souvent à clouer les becs...
En ce moment je suis fatiguée (bah oui mon bébé est toujours allaité...) alors je recycle une vieille ruse de mon adolescence, je dis "oui oui" "ouais c'est vrai que c'est galère" et je laisse la conversation mourir sous mes yeux
Et puis bon franchement, ce que pensent les gens...
Après j'ai remarqué aussi que les critiques proviennent de femmes "d'un certain âge" dont les enfants sont grands (adultes en fait) et ont oublié la moitié des galères, nous voient prendre plaisir à materner, nos petits qui sont quand même plutôt bien dans leurs baskets, on s'est lancées dans une aventure unique en son genre que rien ni personne ne pourra imiter ou nous enlever...
Laisse les parler et propose un changement de couche... Elles profiteront des selles d'or du bébé allaité

 

[Tif]

Que veux-tu ? Le cerveau des gens est bourré de paradoxes. Ex. Mon beau-père me reproche d'être trop protectrice avec bébé. Il faut le laisser se débrouiller seul (Heu, il ne peut pas, il a 4 mois). Pourtant le BP vient juste de tondre notre pelouse, sans rien nous demander, parce que "la pelouse était mal tondue".


.

 

[Tif]

Je poursuis ma réflexion. Pour moi les parents de la génération des trentenaires ont du mal à accepter que leurs enfants aient quitté le nid et de ne plus être utiles. Pourtant ils ont élevé leurs enfants en s'interdisant de les materner, parce qu'on leur avait dit que ça risquait de les rendre mal élevés. Maintenant ils vivent avec un manque qu'ils comblent en devenant un peu trop intrusifs dans la vie de leurs enfants. Toute cette frustration de n'avoir pas pu materner se transforme en une tendance à vouloir à tout prix justifier leur modèle éducatif

 

[Doobida]

Les mamans biberonnantes s'en prennent des pelletées, en culpabilisation aussi...
Toute façon tout est la faute des mères, quoi qu'il arrive..

 

[Masylasw]

Pas de souvenirs de réflexions de ce gere pour l’instant mais honnêtement je pense me tenir loin des professionnels qui pourraient m’en faire lool
Je distingue les professionnels de santé qui sont mauvais dans leur boulot s’ils se permettent ce genre de réflexions
; et les femmes qui jugent sans aucune connaissance de la physiologie de l’allaitement. Dans les 2 cas l’ignorance ou l’incompétence me donne juste envie de passer mon chemin et d’aller à la rencontre de gens ouverts.
Je te souhaite de pouvoir oublier rapidement les réflexions qui t’énervent, tu sais ce que tu fais et pourquoi tu le fais !

 

[MmeMarguerite]

Les mamans biberonnantes s'en prennent des pelletées, en culpabilisation aussi...
Toute façon tout est la faute des mères, quoi qu'il arrive..

C'est exactement ce que je voulais dire !
Les premiers mois (pas au-delà de 6 quand même !) les mères biberonnantes se voient dire qu'elles auraient mieux fait d'allaiter, qu'elles sont horribles de ne pas vouloir donner le meilleur à leur enfant et plein d'autres joyeusetés de ce genre. Je le sais par des amies qui n'ont pas allaité. Et si leur bébé ne dort pas, c'est quand même de leur faute : il faut le laisser pleurer, lui charger plus son biberon, le forcer à boire plus, ne pas le bercer...

Le gros soucis n'est pas l'allaitement, le gros soucis, c'est l'intrusion des gens dans une sphère privée qui ne devrait pas les concerner.

En général, selon mon humeur, je réponds de manière ingénue ("oh, il/elle dort comme un bébé" "ça me va bien de dormir tout contre elle/lui"...) ou j'envoie bouler avec plus ou moins de tact. "Tu veux savoir où dort mon bébé ? Et toi Ginette, à quand remonte ton dernier orgasme ?"

 

[AnnRR]

Eh oui, maman biberonnante pour la 1ere et allaitante pour le second... J'ai tout entendu. Quand tu manques d'assurance c'est très compliqué. Je vous admire, celles qui ont été capables de laisser dire et de répondre "oui oui" sans tenir compte.
Ceci dit, je passe au mixte (reprise du boulot et départ de la maison plusieurs jours et nuits sous peu). 1 biberon en remplacement d'1 tétée chaque semaine. Eh ben ça ferme quelques clapets aussi finalement parce que bébé prend bien le soir (le gourmand !!!) (4 semaines, 4 biberons par jour) et le sein, ben il se réveille... Il n'a que 3 mois, le sommeil s'apprehende avec le temps, les évolutions, les changements....
Mais oui, c'est TOUJOURS la faute des mamans et je suis assez d'accord avec la vision "manque de maternage" de nos parents. Moi même trentenaire, les femmes de ma famille ne comprennent pas pourquoi j'endors bébé dans les bras, pourquoi j'aime le porter. Pour elles, il faut le POSER. Je pense qu'il y a une sorte de frustration de ne pas s'être écoutée et une rébellion par rapport à nos tentatives d'émancipation de la vision "d'avant"...
J'écris des carnets à mes enfants. Une des choses que je répète le plus dans ces écrits c'est "rappelle moi que j'aurais apprécié qu'on respecte mes choix quand tu feras les tiens avec tes enfants"... Ne pas l'oublier pour dans 20-30 ans !!!!

 

[AnnRR]

PS : un jour, mon papa m'a dit "c'est difficile pour nous parce que, finalement, quand on était enfant, il fallait écouter les adultes sans broncher et maintenant, il faut écouter les enfants. Finalement, à nous, on nous aura jamais écouté...

 

[cerise]

PS : un jour, mon papa m'a dit "c'est difficile pour nous parce que, finalement, quand on était enfant, il fallait écouter les adultes sans broncher et maintenant, il faut écouter les enfants. Finalement, à nous, on nous aura jamais écouté...

Je comprends son sentiment mais ce n'est pas tout à fait vrai.
Enfin je veux dire, maintenant, ce qu'il faut c'est de l'écoute mutuelle : écouter les enfants et s'écouter soi-même. Que les enfants apprennent aussi à écouter les sentiments des adultes, tout en écoutant et exprimant aussi les leurs.
C'est gagnant-gagnant !

 

[Maléo]

Bonjour, je comprends tout à fait mais comme @Bbnou, je pense qu'on sait qu'il ne faut pas me chercher ou bien j'ai une grande capacité à ne pas écouter.
Anecdote rigolote au passage, alors que ma fille de 2 mois tétait à table avec des amis, une très bonne amie (qui après a allaité longtemps) a dit "il va falloir qu'elle dorme dans sa chambre maintenant et plus avec vous", ma fille a lâché le sein, crié puis tété. On a tous été estomaqué!

Edit: on en a bien rit

 

[AnnRR]

Je comprends son sentiment mais ce n'est pas tout à fait vrai.
Enfin je veux dire, maintenant, ce qu'il faut c'est de l'écoute mutuelle : écouter les enfants et s'écouter soi-même. Que les enfants apprennent aussi à écouter les sentiments des adultes, tout en écoutant et exprimant aussi les leurs.
C'est gagnant-gagnant !

Je comprends son point de vue car c'est vrai qu'on s'émancipe pas mal de l'avis de nos parents par rapport à ce qu'ils ont pu faire. Même si on essaie de mieux communiquer avec eux, je pense (j'espère) que ça fonctionnera mieux avec nous !!

 

[AngyRegg]

S'émanciper de ses parents c'est un peu normal non ? En tout cas les miens l'étaient aussi des leurs il me semble.. Etc

Bref, ici je n'ai pas eu l'impression d'avoir de pression spécifiquement sur l'allaitement mais de manière générale on se met beaucoup de pression et les remarques sont vite difficiles à entendre, même quand elles ne sont pas volontairement jugeantes. Le mieux c'est de trouver des gens partageant nos valeurs/choix afin d'avoir au moins un soutien pour s'appuyer.. Ça peut-être ici, ou chez un professionnel de santé en accord avec nos choix, ou un groupe de parents... Etc.

 

[BDA]

Oui, effectivement, il faut apprendre à s'en détacher... Mais ce n'est pas évident d'apprendre cela je trouve

je recycle une vieille ruse de mon adolescence, je dis "oui oui" "ouais c'est vrai que c'est galère" et je laisse la conversation mourir sous mes yeux

Je tenterai... Le problème c'est que dans mon entourage souvent, c'est plus "subtile" que la leçon de morale
Exemple : quand on nous a demandé si notre fils faisait ses nuits et qu'on répond qu'il se réveille toutes les deux heures pour téter, on nous a répondu "ah d'accord.... Si ça vous convient..." (Mais avec un ton qui veut dire l'inverse).
Ou alors "Ah oui mais en journée il ne s'endort qu'en poussette car il a bien compris que s'il pleurait dans son lit vous ne laisseriez pas. C'est un petit gâté!"

Laisse les parler et propose un changement de couche... Elles profiteront des selles d'or du bébé allaité

Déjà proposé à la belle-mere... Elle s'est défilée ("'noooon non c'est bon, vas y!!!)

 

[MmeMarguerite]

"ah d'accord.... Si ça vous convient..."

Oui très bien, merci.

"Ah oui mais en journée il ne s'endort qu'en poussette car il a bien compris que s'il pleurait dans son lit vous ne laisseriez pas. C'est un petit gâté!"

Mais c'est nous qui sommes gâtés : on fait plein de balades et on prend l'air ! Tandis que les parents dont les enfants dorment dans leur lit doivent rester bêtement cloîtrés chez eux en attendant la fin de la sieste.

 

[Nienna]

Exemple : quand on nous a demandé si notre fils faisait ses nuits et qu'on répond qu'il se réveille toutes les deux heures pour téter, on nous a répondu "ah d'accord.... Si ça vous convient..." (Mais avec un ton qui veut dire l'inverse).
Ou alors "Ah oui mais en journée il ne s'endort qu'en poussette car il a bien compris que s'il pleurait dans son lit vous ne laisseriez pas. C'est un petit gâté!"

Je vois le genre. Mais pour moi, c'est du pain béni ce genre de remarques, ça n'attend pas de réponses, donc y'a juste à laisser courir. Et ainsi , je respecte le choix de celles et ceux qui aiment pisser dans un violon