Ici des articles qui abordent le sujet "allaitement et pollution" :
http://www.lllfrance.org/1113-32-lait-maternel-et-pollution
http://www.lllfrance.org/vous-infor.../1184-da-33-lallaitement-quoi-de-plus-naturel
http://www.lllfrance.org/vous-infor...recommandations-academie-americaine-pediatrie
Voici des études sur le sujet (loooong texte!!)
Taux de perfluorés dans le lait de mères jordaniennes
Levels of perfluorinated compounds in human breast milk in Jordan : the
impact of sociodemographic characteristics. Al-Sheyab NA et al. Environ
Sci Pollut Res Int 2015 ; 22(16) : 12415-23. Mots-clés : lait humain,
perfluorés, facteurs corrélés, Jordanie.
Il existe peu de données sur le taux de perfluorés dans le lait humain
des femmes vivant dans les pays du Moyen Orient, incluant la Jordanie.
Le but de cette étude était d’évaluer le taux lacté des
perfluoroalkyles, et en particulier celui du perfluorooctane (PFO) et de
l’acide perfluorooctanoïque (APFO) chez des mères jordaniennes, ainsi
que les facteurs corrélés à ces taux (incluant l’utilisation
d’ustensiles de cuisine au Téflon). On a également recherché ces taux
dans le lait de vache frais produit localement.
79 échantillons de lait ont été collectés auprès de mères, ainsi que 25
échantillons de lait de vache produit dans la même zone de Jordanie. Les
perfluoroalkyles ont été extraits par acétone, puis purifiés, avant
d’être séparés et quantifiés par chromatographie en phase liquide
couplée à une spectrométrie de masse. La limite de détection était de 10
ng/l pour le PFO combiné à l’APFO. Les taux constatés allaient de non
détectable à 178 ng/l pour le PFO, et de 24 à 1120 ng/l pour l’APFO dans
le lait humain. Dans le lait de vache, ces taux allaient respectivement
de non détectable à 178 ng/l et 10 à 160 ng/l. Les taux lactés de PFO et
d’APFO étaient plus élevés chez les femmes plus âgées. Le taux d’APFO
était plus élevé chez les multipares et les femmes qui avaient les
enfants les plus jeunes. Il était 2 fois plus élevé chez les femmes qui
utilisaient de vieux ustensiles de cuisine au Téflon que chez celles qui
utilisaient des ustensiles neufs.
Le taux lacté des perfluorés était plus bas chez ces mères jordaniennes
que ceux retrouvés dans une étude récente menée en Italie. Il existait
toutefois d’importantes disparités entre les femmes. L’utilisation de
vieux ustensiles de cuisine au Téflon augmentait significativement le
taux lacté d’APFO.
Taux d’acides perfluoroalkylés dans le sang maternel, le sang du cordon,
le lait maternel et le sang infantile
Perfluoroalkyl acid (PFAA) levels and profile in breast milk, maternal
and cord serum of French women and their newborns. Cariou R et al.
Environ Int 2015 ; 84 : 71-81. Mots-clés : perfluoroalkyles, sang
maternel, sang infantile, sang du cordon, lait maternel.
Les acides perfluoroalkylés (PFAAs) peuvent induire des problèmes de
santé, en particulier suite à l’exposition du fœtus pendant la
grossesse, ou du nourrisson pendant l’allaitement.
Les auteurs ont évalué le niveau d’exposition à 18 congénères de PFAAs
via la détermination de leur taux dans le sang maternel, le sang du
cordon, le sang de l’enfant et le lait maternel, et ce chez 100 dyades
mère-enfant vivant en France, entre 2010 et 2013. Dans le sang maternel
et le sang du cordon, le taux cumulé des 7 congénères les plus souvent
présents étaient respectivement d’en moyenne 5,7 µg/l et 2,83 µg/l. Le
perfluorooctane sulfonate, l’acide perfluorooctanoïque et le
perfluorohexane sulfonate représentaient à eux seuls environ 90 % du
total des perfluorés, ce qui est similaire aux constatations d’autres
études menées en Europe. Le taux lacté de ces molécules était 20 à 150
fois plus bas que le taux sérique maternel. Les relations entre ces deux
taux n’étaient pas significatives. Globalement, le transfert vertical de
ces polluants semblait fonction des propriétés physico-chimiques de
chaque molécules (longueur de la chaîne alkylée, nature du groupement
polaire).
Le fœtus et le jeune enfants sont exposés aux PFAAs pendant la grossesse
et l’allaitement.
Allaitement et perfluorés
Breastfeeding as an exposure pathway for perfluorinated alkylates.
Mogensen UB et al. Environ Sci Technol 2015 ; 49(17) : 10466-73.
Mots-clés : lait humain, perfluorés.
Les acides carboxyliques perfluorés (ACPF) sont largement utilisés, et
l’espèce humaine est donc exposée à ces polluants partout dans le monde.
Les ACPFs sont retrouvés dans le lait, et la durée de l’allaitement est
corrélée au taux sérique des ACPFs dans le sang de l’enfant. Afin de
déterminer l’impact du mode d’exposition via l’allaitement, les auteurs
ont recherché le taux de 5 ACPFs chez des habitants des îles Féroé à la
naissance, puis à 11, 18 et 60 mois. Les mères ont répondu à des
questionnaires sur l’alimentation de l’enfant, et diverses variables
confondantes ont été prises en compte. L’allaitement exclusif était
corrélé à une augmentation de la plupart de ces ACPFs de jusqu’à 30 %
par mois. Cette augmentation était moins importante en cas d’allaitement
partiel. En revanche, le taux sérique infantile de perfluorooctane
sulfonate n’était pas influencé par l’allaitement. Après le sevrage de
l’enfant, le taux sérique de tous ces polluants baissait.
Cette étude confirme que le lait maternel est une source importante
d’exposition aux acides carboxyliques perfluorés chez les jeunes enfants.
Taux sérique des polyfluorés et des perfluorés chez des fem-mes enceintes
Changes in serum concentrations of maternal poly- and perfluroalkyls
substances over the course of pregnancy and predictors of exposure in a
multiethnic cohort of Cincinnati, Ohio pregnant women during 2003-2006.
Kato K et al./ Environ Sci Technol 2014 ; 48(16) : 9600-8. Mots-clés :
perfluorés, polyfluorés, taux sérique, grossesse, fac-teurs corrélés,
États-Unis.
Il existe peu de données sur l’exposition aux polyfluorés et aux
perfluorés pendant la grossesse aux États-Unis. L’objectif de cette
étude était d’en savoir davantage sur le sujet.
Cette étude a été menée entre 2003 et 2006 auprès d’une cohorte
multiethnique de femmes enceintes vivant dans l’Ohio (États-Unis). Des
échantillons de sang ont été recueillis chez la mère à environ 16
semaines de grossesse (n = 181) et au moment de l’accouchement (n = 78),
ainsi que des échantillons de sang du cordon (n = 202). On y a recherché
les taux de perfluorooctane sulfonate (PFOS), de perfluorooctanoate
(PFOA), et de 6 autres dérivés per-fluorés. Les femmes ont également
répondu à un questionnaire pour recueil de données démographiques,
socioéco-nomiques, périnatales, et sur leur mode de vie. Les taux de ces
dérivés dans le sang maternel et le sang du cordon étaient fortement
corrélés. Le taux sérique maternel de PFOS et de PFOA était
significativement plus bas au mo-ment de l’accouchement qu’à 16 semaines
de grossesse, mais il était significativement plus élevé que dans le
sang du cordon. Le taux de ces polluants était significativement plus
bas chez les multipares, celles qui avaient déjà al-laité, qui étaient
d’origine africaine, et chez les femmes les plus défavorisées.
Ces résultats suggèrent un transfert placentaire des dérivés perfluorés
et polyfluorés de la mère à l’enfant pendant la grossesse et l’allaitement.
Excrétion lactée des alkyles perfluorés
Breastfeeding : a potential excretion route for mothers and implications
for infant exposure to perfluoroalkyl acids. Mondal D et al. Environ
Health Perspect 2014 ; 122(2) : 187-92. Mots-clés : lait humain, alkyles
perfluorés, exposition infantile.
Des études ont constaté la présence d’alkyles perfluorés dans le lait
humain, mais il existe peu de données sur leur transfert à l’enfant
allaité. Or, la détermination du taux de transfert de ces polluants de
la mère à l’enfant via l’allaitement est nécessaire pour évaluer le
degré d’exposition des mères et des enfants. Le but de cette étude
anglaise était de rechercher les relations entre les pratiques
d’allaitement et le taux sérique d’acide perfluorooctanoïque (PFOA), de
perfluorooctane sulfonate (PFOS), d’acide perfluorononanoïque (PFNA) et
de perfluorohexane sulfonate (PFHxS). Dans un sous-groupe, on a
également recherché le taux sérique de ces composés chez les enfants qui
avaient été allaités.
633 femmes ont été incluses. Elles avaient en moyenne 28 ans. 60%
d’entre elles avaient allaité, pendant 1 à 35 mois (3,5 mois en
moyenne). Elles avaient un enfant de < 3,5 ans (2,5 ans en moyenne).
Elles ont répondu à un questionnaire détaillé, et ont fourni des
échantillons de sang. Des prélèvements sanguins ont également été
pratiqués chez 49 (8%) des enfants. Les femmes qui avaient allaité
étaient plus âgées et semblaient avoir un niveau socioéconomique et
culturel plus élevé. Pour chaque mois supplémentaire d’allaitement, le
taux sérique maternel de PFOA baissait de 3%, celui de PFOS baissait de
3%, celui de PFNA de 2%, et celui de PFHxS de 1%. Chez les enfants, le
taux sérique de PFOA et de PFOS était plus élevé de respectivement 6 et
4% pour chaque mois supplémentaire d’allaitement. L’impact de ces
variations était également fonction du niveau maternel d’exposition à
ces polluants pendant l’allaitement, ce niveau étant globalement
relativement élevé par rapport à ce qui a été constaté dans d’autres
études, même s’il est en baisse depuis 2005.
L’allaitement représente le moyen normal d’alimentation du petit humain,
mais il constitue également une route d’excrétion des polluants
perfluorés de la mère vers l’enfant, en particulier s’il est allaité
pendant > 6 mois. Le principal biais de cette étude est le petit nombre
d’enfants chez qui le taux sérique de ces polluants a été mesuré, et le
fait que seulement 8 enfants avaient été allaités pendant > 12 mois.
L’eau utilisé pour préparer les biberons des enfants non allaités peut
être contaminée par des alkyles perfluorés, ce qui peut biaisé les
résultats. Toutefois, le niveau d’exposition aux alkyles perfluorés des
enfants allaités reste faible, et n’empêche pas le lait maternel de
rester le meilleur choix.