Je n'ai pas pu voir le replay à temps mais j'ai retrouvé sur youtube la partie de l'émission concernée. Je ne sais pas si le passage était complet, mais dans ce que j'ai vu je n'ai pas été choquée (peut-être parce que je m'attends toujours au pire dans un sujet sur l'allaitement à la télé française ??). J'ai déjà entendu bien pire que ça à la télé. En fait je trouve même que ça reflète une évolution positive même si encore timide. Par exemple ils recommandent le livre de Marie Thirion que je trouve plutôt pas mal, et la conclusion du pédiatre pour l'une des mamans est que "ça ne durera pas 15 ans donc accordez-vous franchement la possibilité/le droit d'allaiter autant que ça vous fait plaisir, et prenez une décision entière à un moment". Ce qui ne me paraît pas être un mauvais conseil. L'émission met bien en valeur l'ambivalence chez les mères qui "officiellement" veulent sevrer...mais dans le fond n'ont pas envie d'arrêter d'allaiter. Le pédiatre explique aussi qu'il n'y a pas de culture de l'allaitement en France, et que c'est pour ça que beaucoup de femmes arrêtent d'allaiter à la reprise du travail, alors que dans les pays scandinaves ce n'est pas le cas. L'idée que pour sevrer il faut que l'enfant et la mère l'acceptent tous les deux est même émise.
Bon, bien sûr, on n'y est pas encore tout à fait...Le conseil de laisser pleurer le bébé, évidemment...Mais tant que le sevrage est envisagé comme quelque chose que la mère impose au bébé, c'est clair que ça ne pourra se faire que dans les larmes. On n'y est pas encore parce que malheureusement pour la mère enceinte présente sur le plateau, personne ne lui conseille de tenter un co-allaitement. On n'y est pas encore parce que malheureusement, personne n'évoque le sevrage naturel comme la situation normale et souhaitable : c'est le sevrage imposé à l'enfant, bien avant l'âge du sevrage naturel, qui est encore perçu comme la norme. Quant aux divagations sur les mères shootées à l'ocytocine...mieux vaut les prendre à la blague.
Malgré tout l'émission m'a globalement laissé l'impression que les choses bougent petit à petit, que les pédiatres (en tout cas celui-ci) sont moins catégoriques, et un peu mal à l'aise dans leurs contradictions ("ah bon, il faut laisser pleurer le bébé, mais pourtant on dit toujours maintenant qu'il ne faut pas laisser pleurer le bébé" rappelle une animatrice (im)pertinente). En l'occurrence j'ai trouvé ce pédiatre plutôt mesuré.
Tout ça montre qu'il y a de la bonne volonté mais qu'on n'ose pas encore aller au bout de la logique. On avance de nouveaux arguments, mais on n'ose pas en tirer les nouvelles conclusions qui s'imposent. On dit qu'il ne faut pas laisser pleurer l'enfant, on dit qu'il faut que l'enfant et la mère acceptent tous deux le sevrage, mais on essaie de faire rentrer ces "nouveaux" principes dans le vieux schéma du sevrage précoce ou planifié plus ou moins brutalement, sans réaliser qu'il y a contradiction. C'est la même chose à la maternité quand le personnel pro-allaitement vient vous expliquer qu'il faut espacer les tétées de 3h : ils essaient de faire coller les nouveaux principes à leur vieux schéma. C'est une étape dans le changement des mentalités. Un jour, il y aura un nouveau schéma